Prescripteur, coordinateur et doté d’une vision globale de son projet, c’est à l’architecte (accompagné de la maîtrise d’ouvrage) que revient principalement la décision d’intégrer le réemploi à un projet. S’il s’avère être insensible au sujet, le réemploi n’aura que peu de chances d’être mis en œuvre dans le projet.
Vous êtes architecte et hésitez encore à accorder une place au réemploi dans vos projets? Voici quelques arguments qui pourront vous convaincre ou que vous pourrez présenter à votre maître d’ouvrage.
Le réemploi permet de créer et de favoriser l’emploi local en ayant recours à une main d’œuvre pour le démontage, la dépose sélective, le conditionnement et le reconditionnement. C’est un marché dans lequel œuvrent aujourd’hui les entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Face à la raréfaction des ressources et au réchauffement climatique, la démarche environnementale est désormais partie prenante des projets de l’architecte. De ce fait, construire un bâtiment avec un impact carbone maîtrisé est un des objectifs que le réemploi permet d’atteindre.
Dans une logique d’économie circulaire, le réemploi permet de limiter la quantité des déchets produits via le prolongement de la durée de vie des matériaux. Le secteur du bâtiment génère chaque année plus de 40 millions de tonnes de déchets. Déchets du bâtiment, ADEME, 2020.
L’architecte a l’habitude dans la pratique de son métier de concilier son projet avec les contraintes liées au Plan Local d’Urbanisme (PLU) et aux réglementations. Son objectif est de s’y adapter et de les transformer en opportunités.
Le réemploi limite certes l’architecte dans son choix de matériaux, mais grâce à cette contrainte, cela vient renforcer le potentiel d’un projet architectural original. Le projet peut ainsi sortir du lot tout en répondant aux enjeux environnementaux.
La réglementation RE2020, qui entrera en vigueur en 2022, accorde une place importante à l’évaluation circulaire dans le projet. L’analyse du Cycle de Vie des bâtiments devient aujourd’hui obligatoire et les matériaux de réemploi y sont comptabilisés. La RE2020 considèrera l’impact carbone de ces matériaux comme étant nul.
Les maîtres d’ouvrage, les aménageurs et les collectivités locales sont aujourd’hui demandeurs du réemploi dans leurs opérations. Il est de plus en plus présent dans leurs cahiers des charges et dans les objectifs de leurs programmes environnementaux.
Le réemploi permet également, pour un coût équivalent par rapport à un projet classique, d’augmenter le niveau de prestation et la qualité des ouvrages en intégrant des matériaux ayant déjà eu une première vie. Par exemple, le parquet massif de réemploi est très prisé dans les logements en lieu et place d’un parquet stratifié neuf au même prix. De plus, certains matériaux se patinent et prennent du cachet avec le temps.
Les labels et certifications qui étaient déjà en retard sur le réemploi à la faveur du recyclage, s’emparent maintenant peu à peu du sujet et le citent dans leurs engagements.
Le recours systématique aux matériaux neufs dans les projets de réhabilitation peut dépourvoir les bâtiments de leur mémoire, même s’ils ne sont pas forcément identifiés comme des bâtiments historiques ou patrimoniaux. Pour cette raison, le champ du réemploi devrait donc dépasser le caractère patrimonial pour couvrir toute autre typologie de construction.
Contenu rédigé par Hajar BOURAZKI et Coline BLAISON
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