Focus sur des filières de réemploi méconnues
Depuis 2017, nous accompagnons acteurs de la construction dans leurs projets immobiliers afin de développer le réemploi des matériaux de construction. Avec plus de 700 projets accompagnés, il est intéressant de constater que certaines typologies de matériaux reviennent fréquemment dans les bilans d’opération : les sanitaires, les portes, les luminaires, les revêtements de sol, les équipements de bureau, les bardages…
Les objectifs de réemploi étant souvent fixés en masse de matériaux de réemploi à inclure, en tonnes de déchets évités ou en nombre de typologies de matériaux employés, il est rassurant pour une maitrise d’ouvrage d’aller vers des matériaux
- qui ont fait leur preuve en termes de faisabilité
- ne présentent pas de risque
- sont relativement simples à trouver.
Toutefois, il est également intéressant de voir émerger de nouvelles filières sur des matériaux pour le moment très peu réemployés. Devant l’ampleur du défi de la réduction des déchets et de l’empreinte carbone du bâtiment, certains acteurs se prennent au défi d’améliorer le taux de réemploi en adressant des marchés inexploités !
Voici deux exemples de projets innovants développés par certains de nos partenaires, avec qui nous collaborons dans le cadre nos missions de conseil.
Le remploi des câbles électriques
Cegelec Nord Grand Projets est une filiale de Vinci Energies, qui s’est lancé depuis début 2024 dans le réemploi des câbles électriques.
Pourquoi réemployer les câbles électriques ?
Un projet test
L’entreprise, qui vise à faire monter en puissance un atelier à Lille, a lancé un projet test avec plusieurs partenaires sur une opération.
Après identification d’un gisement de câbles préconnectés issus de l’armée auprès de l’entreprise de déconstruction Trace, Cegelec a validé avec l’entreprise de certification Dekra une première mise en oeuvre, incluant notamment des contrôles et tests requis et un protocole d’assurabilité du matériau. Au final, ce seront 100 câbles de 10m qui seront réemployés, soit 1,8T de CO2 économisé par cette opération
Un cahier des charges de reprise des câbles pour réemploi
Cegelec a ainsi mis en place un protocole pour la reprise des câbles pouvant être réemployés. Ainsi, l’entreprise peut reprendre des gisements des câbles de courant fort de petites sections, rigides ou souples ; ils doivent être de longueur > 3m.
Pour l’instant, ils ne réemploient pas
- les câbles de courant faible, informatiques, de type incendie (CR1…), extérieurs ou encore de bâtiments industriels.
- les câbles de courant fort de section supérieur à 3g2.5
- Les câbles manifestement abîmés ou souillés
Les câbles doivent, pour être repris, conditionnés en couronne.
Cette filière est aujourd’hui en plein développement et alimente l’atelier basé à Lesquin. Il y a plusieurs lieux de reprise et des offres variant selon la réemployabilité des matériaux proposés.
Chez Cycle Up, nous sommes particulièrement enthousiastes de l’émergence de cette filière et ravis de pouvoir proposer des solutions pour les centaines de km de câbles identifiés lors de nos diagnostics PEMD !
Bravo aux équipes de Cegelec pour cette innovation.
Le réemploi et reconditionnement des pierres et pavés
Green Stones est une entreprise bretonne (Noyal-sous-Bazouges) spécialisée dans le traitement et reconditionnement de pierres et pavés pour le réemploi.
Les éléments inertes comme la pierre connaissent une demande croissante dans le cadre de projets intégrant une demande de réemploi. L’objectif de Green stones, créée fin 2023, est de récupérer des matériaux non valorisés (pavés, bordures, dalles en granit ou en grès…) par les entreprises de travaux ou les collectivités publiques, afin de leur offrir une nouvelle vie et de les réintroduire dans de nouveaux chantiers.
Le processus de reconditionnement
Les matériaux bruts sont des pierres stockées en tas et préalablement triées selon la faisabilité du reconditionnement. Le stock nécessaire au fonctionnement de cette activité peut représenter plusieurs milliers de m² de pavés.
La première étape est le processus de criblage, qui consiste à séparer un ensemble de granulats en deux sous-ensembles, l’un contenant les éléments plus gros d’une dimension donnée, l’autre les plus fins. POur cela, l’entreprise a investi dans des machines spécifiques permettant de trier les granulats en plusieurs sections.
La seconde étape est le sciage, au travers de grosses machines spécifiques intégrant un sillage avec disque diamant et un circuit fermé à eau propulsée, qui permet de scier en tête ou en deux. La quantité sciable par jour dépend de la densité de la pierre, avec la limite de certaines dimensions trop grande.
Les pavés et pierres réemployés
Le résultat, ce sont des lames, pavés ou encore bordures uniformes et parfaitement utilisables pour un nouveau chantier. ils sont alors mis en stock sous forme de vrac ou conditionnés en bigbag ou palette afin d’être expédiés sur l’ensemble du territoire national.
Green Stones est par ailleurs capable d’étudier les demandes spécifiques pour certaines pierres ou certains formats particuliers. Aujourd’hui l’activité décolle rapidement et l’un des enjeux de développement de cette filière sera d’assurer des gisements de matériaux bruts suffisants. Il sera également certainement possible de développer des offres en moellons ou pierre de taille dans les mois à venir.
Cycle Up est ravi de collaborer avec Green Stones, qui pourra par exemple récupérer des gisements de pierre à réemployer ex-situ, issus de chantiers que nous accompagnons, et pourra par ailleurs fournir d’autres chantiers souhaitant intégrer des pierres de réemploi ou reconditionnées.
Alors que les filières de réemploi se structurent de plus en plus, nous sommes admiratifs de ces confrères qui se lancent sur de nouveaux segments et proposent de véritables services innovants en faveur de la massification du réemploi.
Article rédigé avec le support de Thibault Garchery et Anne-Laure Paty, chefs de projet réemploi chez Cycle Up
