Le BTP produit à lui seul 240 millions de tonnes de déchets annuels, d’après l’Agence de la Transition Écologique (ADEME chiffres clés 2020), soit 70% de la production totale de déchets en France, selon le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD). Plus de la moitié d’entre eux ne font l’objet d’aucun traitement après avoir été jetés : les matériaux ne sont ni recyclés, ni réutilisés, ni réemployés. Ils sont enfouis ou incinérés.
Dans le même temps, les matériaux d’un bâtiment produisent 56% de son impact carbone sur sa durée de vie complète, selon le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). La majorité des matériaux sont actuellement importés et responsables d’émissions carbones non négligeables. Par ailleurs, des problèmes d’approvisionnement vont émerger avec l’épuisement des gisements de matières premières.
Une déconstruction sélective des bâtiments, pour prolonger le cycle de vie des matériaux par leur réemploi, constitue une solution écologique à ce problème. Dans l’ensemble du secteur du BTP, de nouvelles compétences vont être mobilisées. L’économie circulaire représente une opportunité sociale, créatrice d’emplois non délocalisables, favorisant l’insertion de travailleurs de tous niveaux de qualification.
À partir du moment où le propriétaire d’un matériau souhaite s’en défaire, plutôt que le jeter, il peut le donner ou le vendre dans un objectif de réemploi. Le cycle de vie de l’élément est alors prolongé. De multiples traitements en vue de leur reconditionnement sont possibles, ils varient en fonction de l’état du matériau.
Le réemploi est l’opération la plus vertueuse du cycle de vie d’un élément (objet ou matériau). Un léger nettoyage ou une simple révision permet de le réemployer en l’état, pour un usage similaire à son utilisation initiale. Il conserve son statut de produit. Ainsi le réemploi prévient la production de déchet.
Les produits proposés sur la plateforme Cycle Up sont destinés par leur propriétaire initial à être réemployés en leur trouvant une valeur d’usage et une valeur fonctionnelle. On le sait, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !
Concrètement, appliqué au BTP, cela consiste à s’appuyer sur un diagnostic ressource pour répertorier les composants d’un bâtiment sur les chantiers de déconstruction ou de rénovation, ou plus rarement faire usage des surplus de commande d’un chantier de construction ou de fin de stock d’un fabricant. Sur un projet, le réemploi se décompose selon trois modalités opérationnelles :
Dans ce cadre, la qualité intrinsèque initiale des matériaux est essentielle, pour conserver la conformité de leurs performances lors de leur cycle de vie allongé par une opération de réemploi.
À l’inverse, la réutilisation est une opération en deux temps, le propriétaire de l’élément le destine d’abord à devenir un déchet. Puis, le matériau subit ce que le Code de l’Environnement qualifie de « préparation en vue de la réutilisation », c’est-à-dire qu’il subit un traitement pour transformer, contrôler, nettoyer ou réparer l’élément et lui faire gagner un nouveau statut de produit pour un autre usage.
Par ailleurs, le recyclage fait subir au matériau devenu déchet un traitement plus lourd, afin de pouvoir retrouver un usage, également détourné de sa fonction initiale, voire dans un domaine industriel totalement différent. L’élément se transforme et revient à l’état de substance ou matière.
Enfin, on relève des opérations qui ne peuvent être qualifiées de recyclage de déchets. Les opérations d’enfouissement, de remblaiement, ou de valorisation énergétique qui convertit le déchet en combustible afin de produire de l’énergie, constituent les derniers usages possibles d’éléments. L’élimination est le processus à éviter dans la mesure du possible : cela consiste à stocker ou incinérer le déchet, en renonçant à toute valorisation de l’élément.
Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus. [Source Cycle Up : Contrairement à la réutilisation, dans le cadre du réemploi, le produit garde son statut de produit et ne devient à aucun moment un déchet. Ce n’est donc pas un mode de traitement mais une composante de la prévention des déchets.]
Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau.
Toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Les opérations de valorisation énergétique des déchets, celles relatives à la conversion des déchets en combustible et les opérations de remblaiement ne peuvent pas être qualifiées d’opérations de recyclage.
Sigles :
ADEME : Agence de la Transition Écologique
CGDD : Commissariat Général au Développement Durable
CSTB : Centre Scientifique et Technique du Bâtiment