portes réemploi

Qu'est-ce que l'économie circulaire ?

L’économie circulaire est un

système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits, vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus 

ADEME

Elle vise à sortir d’une économie du tout jetable par une remise en cause de nos modes de production et de consommation et repose sur trois domaines qui sont l’offre des acteurs économiques, le comportement responsable des consommateurs et la gestion des déchets.

Dans notre modèle de réemploi des matériaux, nous nous reposons sur plusieurs piliers importants du modèle de l’économie circulaire

  • l’allongement de la durée d’usage des matériaux
  • la consommation responsable et plus sobre des acheteurs de seconde main
  • l’éco-conception, sans qui le réemploi n’est pas possible
  • une meilleure gestion des déchets, car le réemploi permet de les limiter
  • une écologie territoriale optimisée, puisque le réemploi fonctionne d’autant mieux qu’il est local et que le reconditionnement permet de relocaliser des emplois dans les territoires

Économie circulaire et bâtiment

Pour l’industrie du bâtiment et de la construction, le passage d’un modèle linéaire à un modèle circulaire implique de passer de cela :

modèle linéaire

À ce nouveau modèle

modèle circulaire

L’enjeu principal consiste à mieux valoriser la matière et les déchets issus du bâtiment, responsable de plus 46 millions de tonnes de déchets en France, en développant le recyclage mais également le réemploi. Cette démarche d’économie circulaire devrait ainsi permettre de réduire le recours aux ressources naturelles, et par conséquence les émissions de carbone, principale cause du changement climatique.

L’éco-conception dans la construction

Dans le cas de la construction d’un bâtiment, l’éco-conception consiste à anticiper la phase de déconstruction dès la phase de conception d’un bâtiment ou élément constructif, mais également de limiter la production de déchets tout au long du cycle de vie du bâtiment.

L’éco-conception suit plusieurs grands principes :

  1. La démontabilité des éléments du bâtiment
  2. L’évolutivité rendant le bâtiment adaptable aux évolutions des besoins afin d’éviter les démolitions
  3. La conservabilité qui consiste à rendre les matériaux réutilisables ou réemployables dans le futur
  4. La réparabilité consistant à éviter les déchets d’entretien et de maintenance pendant la durée de vie du bâtiment.

Le choix des matériaux et équipements employés doit également se baser sur les notions de recyclabilité, réparabilité ou réemploi, qui sont indiqués dans les fiches environnementales de la base INIES.

Surtout, les choix constructifs doivent se baser sur une analyse des cycles de vie (ACV), afin de quantifier les ressources consommées et les substances émises dans l’environnement sur tout le cycle de vie du bâtiment, et ainsi d’évaluer ses impacts potentiels sur l’environnement.

Les FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire) qui détaillent les ACV et les profils environnementaux des matériaux sont donc un outil majeur pour optimiser la durabilité des bâtiments.

Inciter au réemploi pour limiter l’impact carbone et les déchets

La hiérarchie des modes de traitement des produits, avec l’intégration systématique du réemploi pour prévenir la production de déchets, est au cœur du modèle d’économie circulaire. Ainsi, le réemploi est un des modes de valorisation les plus vertueux, bien plus que le recyclage.

L’évolution du cadre législatif

Dès 2015, en accord avec la Stratégie National de Transition Écologique vers un Développement Durable (SNTEDD), l’objectif sera de « minimiser les prélèvements nets de ressources (énergies fossiles, matières premières, eau, foncier, milieux) et les émissions polluantes, sources d’impacts environnementaux et sanitaires négatifs, tant locaux que globaux ». La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) affiche des objectifs ambitieux en ce sens, comme réduire de moitié la mise en décharge d’ici à 2025 par rapport aux déchets enregistrés en 2010, ou valoriser 2/3 des déchets du BTP d’ici à 2020.

C’est ensuite la loi AGEC du 10 février 2020 (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) qui entend accélérer le changement de modèle de production et de consommation au travers de plusieurs mesures phares :

  • Les matériaux réemployables ne prennent plus le statut de déchet
  • Mise en place d’une filière pollueur payeur (REP PMCB) prévue pour 2022 et mise en place en 2023
  • Les MOA publiques sont invitées à donner et mettre en œuvre des matériaux de réemploi dans leurs projets (article L.228-4 du Code de l’Environnement)

Enfin, la RE2020 définit de nouveaux points en faveur du réemploi avec :

  • des plafonds d’émission de GES pour les constructions neuves
  • L’introduction de la notion de calcul du cycle de vie des matériaux pour encourager le biosourcé, le réemploi et diminuer l’usage du béton et de l’acier
  • La réduction d’au moins 30% des émissions des secteurs industriels en 2023
  • la mise en place d’un indice carbone dynamique avec des objectifs de réduction

Surtout, elle prévoit que

Les composants réemployés sont considérés comme n’ayant aucun impact, les valeurs des impacts pour tous les modules du cycle de vie sont donc nuls

Le réemploi est donc un levier important afin de diminuer le niveau carbone des bâtiments et de répondre aux objectifs de la RE2020.

Le réemploi, une solution bas-carbone à développer

Les enjeux de résilience climatique sont particulièrement marqués dans le secteur du BTP, responsable en France de plus de 70% de la production totale de déchets (CGDD) et de 18% des émissions carbones (HCC).

Le réemploi des matériaux de construction, responsables de 56% de l’impact carbone d’un bâtiment sur sa durée de vie complète (CSTB), occupe un rôle central dans la transition d’une économie de production et de consommation linéaire vers la mise en place d’un modèle de gestion circulaire.

La performance énergétique des bâtiments recherchée a tendance à se faire au détriment de l’impact carbone des matériaux neutres en exploitation et à énergie positive, par exemple les isolants dérivés du pétrole. Il faut donc compléter cette démarche en utilisant des matériaux décarbonés, à l’instar de ceux issus du réemploi. C’est pourquoi la RE2020 choisit de considérer que les composants réemployés ont un impact carbone nul pour la suite de leur cycle de vie.

La mise en place de la REP PMCB (ie Responsabilité Élargie du Producteurs pour les Produits et Matériaux de Construction et du Bâtiment) permettra normalement de structurer et renforcer le réemploi dans le bâtiment à l’échelle du pays. Elle fixe un objectif de réemploi à 5 % de la quantité totale de PMCB en masse en 2028, ce qui reste cependant beaucoup trop faible eu égard des enjeux liés à l’accélération d’un changement climatique.

Le modèle circulaire : une économie compétitive

La gestion circulaire permet d’employer une économie locale, neutre en carbone et souvent moins coûteuse, surtout si l’on prend en compte les coûts de traitement des déchets. Mettre en place une fiscalité matière, donc faire évoluer la réglementation, sera une étape clé pour appuyer plus largement le remplacement de l’économie linéaire et l’innovation en ce sens.

En effet, ce modèle frugal qui bouleverse le cycle actuel « extraire – fabriquer – consommer – jeter » doit constituer une alternative économique compétitive et viable, créatrice d’emploi, d’insertion et de valeur.



Sigles :
CGDD : Commissariat Général au Développement Durable
CSTB : Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
HCC : Haut Conseil pour le Climat
LTECV : Loi de transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015