Le réemploi est une pratique ancienne qui a progressivement été délaissée au profit d’une production industrielle. Faire le choix de réemployer, c’est procurer une seconde vie à la matière en accord avec la vision territoriale, tout en conservant une maîtrise économique de son projet. C’est également favoriser l’insertion professionnelle au travers de savoir-faire technique.
Le réemploi est une pratique ancienne. Depuis l’Antiquité, la matière a longtemps été précieuse, car liée au travail des hommes, et ce, alors que les mines et carrières étaient rares. En conséquence, il était d’usage fréquent pour les constructeurs de réutiliser les matériaux, les pierres ou les poutres qu’ils pouvaient récupérer d’une construction précédente.
Ainsi, les constructions de l’Antiquité ont fourni les pierres pour construire les hameaux et villages du Moyen Âge, qui ont eux-mêmes alimenté les chantiers des villes de la Renaissance… Dans les villes européennes, qui ont une longue histoire, on retrouve alors des matériaux de construction très anciens qui ont traversé les temps.
Au XXᵉ siècle, l’émergence d’une logique industrielle de production de masse a fortement fait diminuer la pratique du réemploi. En plus de répondre à l’enjeu de reconstruction massive de l’après-guerre, l’industrialisation des matériaux de construction a surtout permis d’améliorer la performance et la disponibilité des produits.
Ce nouveau système a bousculé les habitudes, faisant place à de nouvelles normes. La matière n’est plus analysée sous le prisme de l’architecture antique : solidité, utilité et beauté. Les maîtres d’œuvres se contentent désormais de choisir les matériaux sur catalogue.
Le réemploi, c’est la remise en question de l’avenir d’un produit. Quand on déconstruit un immeuble, c’est se poser la question suivante : « est-ce que tous ces matériaux méritent d’aller à la benne où est-ce qu’on peut leur trouver une 2e vie ? ». Si l’on peut leur imaginer cette deuxième vie, dans quel contexte, quelle mise en œuvre et avec quelles performances ?
Penser le réemploi, c’est regarder la matière avec un nouveau regard : plutôt que de choisir la benne dans laquelle jeter les matériaux, c’est imaginer la seconde vie qu’ils peuvent avoir ensuite.
Lors de la conception, la première étape est de ne pas se précipiter sur la première offre commerciale en ligne ou en magasin, mais de chercher des matériaux existants proches de son chantier.
Ces matériaux pourraient parfaitement convenir en termes de performance, de qualité, de patine, de texture ou même donner du sens à mon projet sur le plan architectural et éthique.
Penser le réemploi, c’est l’opportunité de respecter une identité constructive régionale, avec une brique, un bloc de granit, une ardoise ou une tuile qui renforcerait l’identité technique de mon opération en la nourrissant de son terroir. Avec cette dynamique, le réemploi prend tout son sens et permet de respecter une esthétique locale.
La mise en œuvre d’un projet de réemploi, c’est avant tout faire appel à une sensibilité technique et architecturale. Cela nécessite de comprendre une génération constructive ou la culture technique d’un territoire et d’appliquer la notion de terroir dans la manière d’approvisionner un projet.
Construire en réemploi, c’est aussi construire « bas-carbone », avec des matériaux que l’on n’a pas besoin d’extraire et sans produire de nouveaux déchets à éliminer.
Le réemploi activera bien souvent le recours à des emplois locaux, qui peuvent être en insertion, par exemple, pour le transport ou le reconditionnement.
Faire appel aux savoir-faire des artisans ou des entrepreneurs, qu’ils soient parqueteurs, menuisier, plombier, électricien etc… est particulièrement approprié pour un projet de réemploi. Leur savoir-faire et leur excellence technique leur permettent d’évaluer avec pertinence la qualité et les performances techniques d’un matériau ou d’un équipement de réemploi, et ainsi de sécuriser la performance d’ensemble de l’ouvrage et les étapes d’une mise en œuvre soignée et adaptée.
Enfin, bâtir en réemploi permet de maîtriser l’économie de son projet. Par les temps actuels, la raréfaction des ressources et des matières premières, l’inflation, le coût de l’énergie et les aléas de l’approvisionnement affectent l’anticipation des paramètres économiques d’un projet.
Pour éviter les mauvaises surprises, notamment dans le cadre d’appel d’offres, les entreprises cherchent des solutions et parfois choisissent de recourir à des matières moins nobles et moins efficaces. En choisissant d’opter pour la seconde main et la proximité, elles pourront garantir une véritable performance technique et une esthétique premium et authentique, et ainsi éviter de faire venir un matériau bas de gamme d’une origine lointaine.
Les conséquences sont aujourd’hui telles qu’il n’est plus envisageable de se contenter d’une pertinence économique au détriment de performances techniques et environnementales.
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