Assurabilité des matériaux de réemploi : lever les doutes pour accélérer la transition

Réglementations Rédigé par : Linda Chanussot 26 novembre 2024

Alors que le réemploi des matériaux de construction s’impose comme un levier essentiel de l’économie circulaire, de nombreux acteurs hésitent encore à s’engager dans cette démarche. Pourquoi ? La question de l’assurabilité reste au cœur des préoccupations. Elle cristallise les craintes liées aux risques juridiques, aux garanties décennales et aux responsabilités en cas de sinistre. Ce sujet, souvent perçu comme complexe et incertain, constitue aujourd’hui le principal frein à la massification du réemploi. Pourtant, des solutions existent déjà, et le cadre assurantiel évolue pour accompagner cette transition.

Matériaux de réemploi : des risques bien maîtrisés

Un constat rassurant

Contrairement à certaines idées reçues, les matériaux de réemploi ne constituent pas, en eux-mêmes, une aggravation des risques liés à la construction. Les études montrent que, lorsqu’ils sont bien sélectionnés, testés et remis en œuvre, ces matériaux respectent les normes en vigueur. Ainsi, ils répondent aux exigences du Code de la Construction et de l’Habitat : sécurité générale, sécurité incendie, qualité sanitaire, performances énergétiques et environnementales.

Il est aujourd’hui assez courant de réemployer avec succès des éléments de second œuvre (sanitaires, radiateurs, luminaires…) ou des éléments techniques, tout en bénéficiant des garanties décennales. Cela prouve que le réemploi peut s’inscrire dans un cadre assurantiel existant, à condition d’être bien encadré.

assurabilité matériaux réemploi sanitaire

Des pratiques validées

Les pratiques autour du réemploi sont multiples :

  • Réemploi in situ : Par exemple, dans la rénovation d’un bâtiment, réutiliser directement des matériaux issus du chantier (comme des briques ou des parquets).
  • Réemploi ex-situ : Certains matériaux sont déplacés d’un chantier à un autre tout en assurant leur traçabilité et leur conformité.
  • Passage par des filières spécialisées : Des centres de reconditionnement, comme l’atelier de Cycle Up à Noisy-le-Sec, permettent de vérifier, nettoyer et conditionner les matériaux pour leur donner une nouvelle vie.

Ces démarches montrent que le réemploi n’est pas une expérimentation marginale, mais bien une réalité qui se généralise. En cela, il devient essentiel d’éduquer les acteurs du bâtiment pour dissiper leurs doutes.

Vers une assurabilité adaptée et inclusive

La diversité des acteurs et des besoins

L’écosystème du réemploi regroupe une grande variété d’acteurs : grands groupes, petites entreprises, artisans, associations… Chacun a des besoins spécifiques en termes de garanties et d’accompagnement. Il est donc crucial que les dispositifs assurantiels soient suffisamment souples pour inclure aussi bien les petits chantiers que ceux des territoires isolés, comme les départements, régions ou collectivités d’Outre-Mer (DROM-COM), où le réemploi pourrait avoir un impact particulièrement positif.

Par exemple, sur un chantier de petite envergure, l’accès à une couverture assurantielle standardisée peut être complexe, surtout si le maître d’ouvrage travaille avec des matériaux réemployés non normés. Des solutions adaptées doivent donc être mises en place pour éviter de pénaliser ces initiatives.

Alléger les contraintes

Les acteurs du secteur plaident pour un encadrement proportionné des matériaux réemployés. Cela passe par :

  • Des vérifications ciblées : Limiter les tests aux performances strictement nécessaires pour éviter des surcoûts inutiles.
  • L’absence de normes rigides : Par exemple, ne pas exiger de « règles professionnelles » pour chaque matériau ou usage, ce qui risquerait de figer les pratiques et d’exclure certaines solutions innovantes.

L’objectif est de ne pas freiner l’élan des acteurs du terrain tout en rassurant les assureurs et les maîtres d’ouvrage. Un cadre trop lourd pourrait ralentir le développement des pratiques, alors même qu’elles sont essentielles pour atteindre les objectifs de durabilité dans le bâtiment.

Inspiration des secteurs voisins

Le secteur de la rénovation et de la réhabilitation fournit des exemples concrets de gestion des matériaux existants avec un encadrement assurantiel. Par exemple :

Réhabilitation de bâtiments historiques : Les éléments d’origine, comme des pierres taillées ou des ferronneries, sont souvent conservés et intégrés dans le projet, avec des assurances adaptées au cas par cas.

Rénovation énergétique : Lors de travaux d’isolation, les matériaux existants comme des tuiles ou des poutres anciennes sont parfois réutilisés, tout en respectant les normes de solidité et de sécurité incendie.

Encourager une culture du réemploi et des bonnes pratiques

Former et sensibiliser les acteurs

Un élément clé pour développer le réemploi est la diffusion de guides techniques. Ces outils peuvent détailler les étapes essentielles :

Dépose : Comment retirer les matériaux sans les endommager.

Reconditionnement : Méthodes de nettoyage, réparation et stockage.

Vérification des performances : Quels tests sont nécessaires pour garantir la sécurité et la conformité.

assurabilité matériaux exemple remise en oeuvre

Remise en œuvre : Exemples concrets d’utilisation des matériaux réemployés.

De nombreux acteurs du réemploi travaillent sur des outils méthodologiques pour accompagner les professionnels. Ces initiatives permettent d’accélérer la transition tout en assurant un haut niveau de qualité et de sécurité.

Favoriser l’innovation collective

L’amélioration continue des pratiques repose sur la collaboration entre tous les acteurs. De nombreux projets pilotes montrent comment le travail collectif peut générer des solutions efficaces. Ces expériences doivent être valorisées pour inspirer d’autres chantiers.

Cycle Up, un acteur engagé

Chez Cycle Up, nous sommes convaincus que l’avenir du bâtiment passe par une approche pragmatique et innovante du réemploi. Nos partenariats avec des assureurs tels que la SMA BTP et des experts renforcent cette démarche en apportant des solutions concrètes aux maîtres d’ouvrage et d’œuvre.


Le réemploi des matériaux de construction n’est pas un obstacle, mais une opportunité. Les exemples de chantiers réussis et les solutions assurantielles existantes montrent qu’il est possible de concilier innovation, durabilité et sécurité.

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