Pourquoi le réemploi des matériaux a un impact social ?
Le réemploi des matériaux et le reconditionnement sont devenus des piliers essentiels dans la transition écologique et sociale. En effet, au-delà de leur rôle crucial dans la réduction des déchets et de la préservation des ressources, ces pratiques jouent un rôle important dans le développement économique local, la création d’emplois, et la lutte contre l’exclusion sociale.
Réemploi et reconditionnement : de quoi s’agit-il ?
Le réemploi consiste à prolonger la durée de vie des objets et matériaux en leur trouvant une nouvelle utilisation identique à la première. Le reconditionnement va un peu plus loin en ajoutant un passage entre les mains d’un intermédiaire professionnel qui va remettre à neuf des matériaux ou équipements usagés, tout en garantissant une certaine qualité et sécurité.
Ces pratiques font partie intégrante de l’économie circulaire, un modèle économique qui s’oppose à l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) en favorisant la réparation, le recyclage, et la réutilisation des produits.
Impact écologique et social : une démarche vertueuse
La plupart des discussions autour du réemploi et du reconditionnement se focalisent sur leur impact écologique :
- réduction de la consommation de matières premières
- baisse des émissions de CO2
- diminution des déchets.
Pourtant, ces pratiques ont également des répercussions profondes sur le plan social, notamment dans les domaines de l’emploi, de la solidarité et de l’accessibilité économique
1. Création d’emplois locaux
L’un des impacts les plus évidents du réemploi et du reconditionnement est la création d’emplois.
Le reconditionnement comme les métiers d’accompagnement au réemploi (commerce, plateformes, études et conseil) nécessitent une main-d’œuvre qualifiée.
Cela favorise la création d’emplois locaux, souvent non délocalisables, et dans des secteurs variés allant de la réparation d’équipements électriques aux métiers manuels comme la menuiserie ou la plomberie voire les métiers d’ingénierie lié à la requalification des matériaux.
En parallèle, le développement du réemploi des matériaux implique également le développement d’une logistique spécifique, impliquant des plateformes de stockage et des flux inter-chantiers. Cela favorise également la création d’emplois locaux de manutention, stockage, transport ou vente.
Ainsi, chez Cycle Up, nos équipes viennent d’horizons très variés, entre ceux qui accompagnent les projets immobiliers, les équipes commerciales et les opérateurs de reconditionnement. Toutefois, nous sommes tous engagés pour la mission de l’entreprise : agir pour le réemploi et développer la seconde main pour les matériaux.
2. Lutter contre l’exclusion sociale
Le réemploi et le reconditionnement sont aussi des leviers puissants dans la lutte contre l’exclusion sociale. Les entreprises d’insertion, en particulier, offrent des opportunités aux personnes éloignées de l’emploi. Ce modèle de fonctionnement permet à des individus, souvent exclus du marché du travail en raison de leur âge, leur faible qualification ou des difficultés personnelles, de retrouver un emploi, de recevoir une formation et de bénéficier d’un accompagnement social.
A l’ouverture du premier entrepôt du réemploi à Saint-Ouen, Cycle Up avait alors choisi de travailler avec des entreprises spécialisées comme le groupe ARES pour accueillir des opérateurs locaux issus de l’insertion.
À l’atelier reconditionnement de Rillieux-la-Pape, ouvert au printemps 2024, nous avons un partenariat avec le groupe Icare, un groupement d’économie solidaire, qui accompagne nos opérateurs également issus de l’insertion. Ceux-ci sont formés par nos équipes à de nouveaux métiers et développement des compétences qui leur permettront d’avoir d’éventuelles évolutions professionnelles s’ils le souhaitent.
Ainsi les structures du réemploi peuvent permettre à des individus en difficulté économique de réintégrer la vie active tout en participant à une démarche écologique. Elles sont nombreuses à se prévaloir de ce modèle social : c’est notamment le cas de nos confrères d’Envie, de Tricycle Environnement ou d’Enfin Réemploi.
3. Accessibilité économique
Le réemploi et le reconditionnement permettent aussi de rendre accessibles des biens à un coût réduit, un enjeu crucial pour les ménages en situation de précarité. Ce qui est valable pour les équipements électroménagers ou ordinateurs l’est également pour les matériaux et équipements : ces pratiques peuvent offrir une alternative moins chère au neuf dans le cadre d’une rénovation ou de travaux dans un logement.
C’est le rôle clé que jouent les matériauthèques et ressourceries, qui se re-développement sur le territoire. Ainsi, nos confrères de Mineka à Villeurbanne ou Mat’low à Vannes sont ouvertes aux professionnels comme aux particuliers et visent à rendre le réemploi accessible et plus simple pour les petits chantiers. Grâce à ce type d’acteurs, de nombreux particuliers peuvent réaliser leurs travaux à des prix plus abordables qu’avec du neuf, tout en bénéficiant de garanties de qualité.
4. Sensibilisation et changement des mentalités
En favorisant le réemploi et le reconditionnement, ces acteurs contribuent à un changement de mentalité vis-à-vis de la consommation. L’économie circulaire n’est pas seulement un moyen de réduire les déchets, elle est aussi porteuse d’un message : consommer différemment, privilégier la durabilité plutôt que le neuf, et valoriser ce qui existe déjà plutôt que de produire en masse. Là encore, les structures du type ressourceries, les recycleries et matériauthèques jouent un rôle pédagogique essentiel en sensibilisant les consommateurs aux enjeux de la surconsommation et de la gestion des déchets.
De plus en plus d’associations autour du réemploi développement des actions de sensibilisation à l’économie circulaire. Par exemple, la Fresque de l’Economie circulaire, cousine de la Fresque du Climat que l’on ne présente plus, est un atelier collaboratif permettant de comprendre les enjeux de transformation de notre système de production-consommation linéaire vers le modèle plus vertueux de l’économie circulaire.
Au-delà de former les professionnels à revoir leur mode de fonctionnement, elle est également très appropriée à des étudiants pour intégrer de nouveaux modèles de consommation plus responsable et enclencher de nouveaux usages dès leur entrée dans le monde professionnel.
5. Un soutien à l’économie social et solidaire
Le réemploi et le reconditionnement s’inscrivent dans une logique d’économie solidaire. En France, de nombreuses structures issues de l’économie sociale et solidaire (ESS) se sont positionnées sur ce créneau. Ces structures ne cherchent pas uniquement le profit mais visent également à avoir des impacts positifs sur la société et l’environnement.
Ainsi, chez Cycle Up, nous sommes labellisés depuis 2024 ESUS, pour Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale. Cet agrément s’inscrit dans notre volonté de développer le nombre d’emplois en insertion dans les ateliers de reconditionnement mais témoigne également de notre engagement envers la raison d’être de notre entreprise, au travers de divers critères tels que les écarts de rémunération.
Conclusion
Le réemploi des matériaux et le reconditionnement ne sont pas simplement des pratiques écologiques, mais ils possèdent également un impact social fort. En créant des emplois locaux, en luttant contre l’exclusion sociale et en permettant à des particuliers ou entreprises d’accéder à des matériaux moins chers, ces initiatives renforcent la cohésion sociale tout en promouvant un modèle de consommation plus responsable.
Le développement du réemploi et du reconditionnement ne repose pas uniquement sur des enjeux environnementaux, mais aussi sur la capacité à transformer notre société en une communauté plus solidaire, plus équitable et plus résiliente. Ces initiatives méritent d’être soutenues et développées pour bâtir un futur durable, tant sur le plan écologique que social
