Retour d’expérience d’un projet de réemploi par un AMO environnement : la réhabilitation du 206 Lafayette

Témoignages clients/interviews Rédigé par : Linda Chanussot 5 janvier 2023

Louise Renesme, du cabinet de conseil spécialisé et bureau d’études en environnement SINTEO, nous parle du projet en cours de réhabilitation des bureaux du 206 rue Lafayette à Paris (10e).

Sur ce projet complexe et d’envergure, Cycle Up et Sinteo travaillent actuellement main dans la main sur l‘approvisionnement extérieur de matériaux de réemploi et la requalification des matériaux pour satisfaire le cahier des charges de la maîtrise d’ouvrage.

Parlez-nous du projet  206 Lafayette ! 

Il s’agit d’un projet de réhabilitation de bureaux avec transformation en logements et création de commerces sur le front de rue. Le pilotage du projet a changé en cours de route et c’est Redman, maîtrise d’ouvrage sur le projet, qui a souhaité intégrer une démarche de réemploi notamment in situ ainsi que de l’approvisionnement extérieur.

Afin d’être accompagnés sur ce volet, ils ont missionné Sinteo en tant qu’AMO réemploi, car le projet était assez complexe par sa dimension, ses usages variés et la combinaison de lots neufs et de rénovation.  

retour expérience réemploi bureaux nv ancien
Anciens locaux
retour expérience réemploi bureaux nv projet
Projet par Redman

Pourquoi du réemploi  ? Quelle était votre expérience dans ce mode d’approvisionnement  ? 

Sinteo est un cabinet d’AMO environnement et la partie réemploi se développe de plus en plus pour nous depuis maintenant 1 an, notamment avec la réalisation de nombreux diagnostics ressources. Nous accompagnons nos clients dans l’obtention de certifications environnementales sur leurs opérations.

Partenaire SINTEO

Nous avons accompagné déjà de nombreux projets dans une démarche de réemploi mais en général sur la phase amont qui précède le curage.

Dans le cas du 206 Lafayette, la recherche de matériaux extérieurs issus du réemploi était pour nous quelque chose d’assez nouveau et nous avons souhaité faire appel à l’expertise de Cycle Up, avec lesquels nous avions pu collaborer sur d’autres projets.

Le fait de répondre en groupement dans la phase d’appel d’offre était également un signe positif pour la maitrise d’ouvrage.

Quelle était donc la mission de Cycle Up sur ce projet ?

La mission de Cycle Up était de proposer des gisements de matériaux de seconde main qui correspondent au besoin. Ils devaient par ailleurs s’occuper du suivi, de la validation et de l’accompagnement technique nécessaire à la mise en œuvre des matériaux.

Chez Sinteo, notre expertise réside plutôt dans le pilotage du projet et des différents intervenants. Cette connaissance du marché et des gisements de matériaux relève encore d’une expertise peu répandue et Cycle Up est aujourd’hui bien reconnu dans ce domaine. Le fait que les produits vendus via la plateforme soient pareillement couverts par leur garantie était un point intéressant.

Avez-vous des exemples de difficultés rencontrées sur ce type de projet ?

La démarche de réemploi a été initiée avant la consultation à travers des ateliers de conception, mais sans mission d’accompagnement réemploi pendant les études, et donc sans cadrage technique spécifique pour les documents de consultation. En conséquence, il y a relativement peu de clauses techniques contractuelles de réemploi prévues dans les CCTP. Cela implique la nécessité de passer par des essais techniques afin de requalifier les matériaux et vérifier qu’ils correspondent aux prescriptions. Nous l’avons notamment fait pour le faux plancher avec succès.

Nous avons par ailleurs eu beaucoup de discussions avec l’acousticien et le contrôleur technique du projet. Afin de valider les PV de performances des matériaux en accord avec le cahier des charges, ceux-ci étaient en attente de certains documents qui ne pouvaient pas être fournis pour des matériaux de réemploi.

Cela implique de regarder au cas par cas si l’absence de document est réellement bloquante, ou si la définition d’un protocole de qualification par Cycle Up, permettant de valider les performances de manière différente, donne lieu à valider l’utilisation du matériau.

Enfin, le chantier est traité en lots séparés, ce qui implique que nous avons beaucoup d’interlocuteurs, notamment pour les entreprises de travaux. La proactivité et la motivation des entreprises à mettre en œuvre des éléments de réemploi est toutefois très variable, heureusement certains sont moteurs sur le sujet comme surtout SPIE sur les chemins de câble, les BAES ou encore les sanitaires. Il est toutefois intéressant pour nous d’accompagner la montée en compétence des entreprises motivées par ces sujets.  

Comment ont été fixés les objectifs de réemploi ? 

Nous sommes encore dans les premiers projets ambitieux de réemploi et nous testons beaucoup la faisabilité sur le terrain. Nous avions donc listé de nombreux matériaux à approvisionner, ce qui a finalement généré une difficulté de délai pour tenir le planning.  

 À ce jour, nous avons validé la mise en œuvre de faux plancher. Nous sommes encore en discussion sur des éléments sanitaires, des BAES, des cloisons vitrées, du faux-plafond, des portes et sur du parquet. Pour ces derniers, nous sentions que le contrôleur technique semblait réticent, mais après discussion, nous avons conclu que du parquet de réemploi, compte tenu de son épaisseur importante et des essences disponibles, remplissait les critères permettant de justifier ses performances pour l’usage prévu. Nous sommes également en discussion avec les architectes sur le réemploi d’éléments d’aménagement extérieur.  

Pour développer le réemploi, que conseilleriez-vous à d‘autres AMO?

Nous savons que le réemploi sur de grandes quantités est souvent plus difficile, car la volonté (et non la nécessité !) d’homogénéité est un frein important. Sur ce projet en particulier, l’architecte, DATA, a accepté une homogénéité par plateau, qui offre beaucoup plus de facilité pour l’approvisionnement de matériaux de réemploi. Cela implique que chaque étage a des produits identiques mais pas forcément tout l’immeuble. Cela fonctionne très bien par exemple pour des revêtements intérieurs comme des moquettes ou encore des éléments sanitaires.

L’aspect gestion de projet est également très important pour coordonner le travail des entreprises de travaux avec l’approvisionnement de matériaux de réemploi. Le planning de chantier ne peut pas être le même avec des matériaux issus de déconstruction qui demandent de la remise en œuvre ou de la requalification. Le tout est de le prévoir en amont et de piloter le projet en conséquence, afin que le client soit satisfait. De notre perspective, nous avons apprécié la répartition des rôles avec Cycle Up ; Sinteo le pilotage et Cycle Up la prise en charge des sujets techniques.

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